Gainsbourg Graffitis rue de Verneuil

Le graphiste Arnaud Jourdain a réalisé un clip en hommage à Serge Gainsbourg à travers les superpositions de graffitis réalisés par les fans au 5bis rue de Verneuil depuis ces 5 dernières années.



L'idée : Clip hommage à Serge Gainsbourg. Sorte de voyage dans le temps à travers les superpositions de graffitis du 5bis rue de Verneuil depuis ces 5 dernières années.
  • 5 ans de prises de vues superposées. Des milliers de photos.
  • 40 générations de recouvrement de graffitis. (30 visibles dans la vidéo faute de temps)
Si un jour un musée voit le jour rue de Verneuil, cela aurait aussi fonction de "témoignage" de l'histoire de ce lieu et des inscriptions qui y ont été laissées...

Au cœur de Saint-Germain-des-Prés, le 5 bis rue de Verneuil est un lieu, une adresse à part. Ancienne demeure de Serge Gainsbourg, sa façade est recouverte d’inscriptions, de traces laissées en hommage par des admirateurs de passage ou des fans en pèlerinage. Au fil des années, des strates de tags, de graffitis, de pochoirs, de stickers et d’affiches se sont accumulées, les unes par-dessus les autres, sur le mur.

Une évolution qu’Arnaud Jourdain, graphiste freelance, a suivie pendant cinq ans, et retranscrite dans 5 bis rue de Verneuil. Sur un remix de la Ballade de Melody Nelson (1), l’animation est un « voyage dans le temps », et en 3D, de l’histoire du mur. Cela rappelle le projet Graffiti Archaeology de Cassidy Curtis, qui explore l’histoire du graffiti par la juxtaposition de photos d’un même mur, prises à différents moments.

Le projet a démarré un peu par hasard. « Habitant pas loin, j’ai commencé à photographier régulièrement le mur, comme ça, raconte t-il. Un jour, je me suis demandé si ça rendrait quelque chose de superposer les images. Alors je m’y suis mis, petit à petit ». Un labeur minutieux qui lui a pris un mois à plein temps : superposition des prises, harmonisation (couleurs, éclairage), animation, montage, 3D, etc. Sans oublier le gommage des voitures, car, jusqu’à récemment le stationnement devant l’hôtel particulier était autorisé. « Il a fallu les effacer une par une, ça a failli me rendre fou ! ».

Le processus est toujours en cours ; la vidéo actuellement visible sur Internet est une étape d’avancement. Dont il a l’autocritique aisée : « le rythme n’est pas bon, il manque un fil conducteur ». Une dizaine de « générations de recouvrement » sur la quarantaine photographiée attend d’être traitée. « Par “génération”, j’entends chaque fois que le mur a vraiment changé de visage », explique Arnaud Jourdain.

Et ensuite ? Car, à moins d’un fait malheureux (interdiction de graffiti, destruction du mur, etc.), le projet est par essence illimité. « Je ne peux pas mettre le mot “fin” dessus, confie-t-il. J’arrêterai peut-être à l’occasion du film. » Comprendre Gainsbourg, vie héroïque, le biopic que prépare le dessinateur Joann Sfar que l’on croise d’ailleurs dans la vidéo en train de croquer sur une surface vierge. Pour les besoins du tournage, le mur a en effet été maquillé, recouvert de papier collant.

Pour son auteur, 5 bis rue de Verneuil permet aussi de montrer des adjonctions particulièrement éphémères : « Beaucoup de très beaux papiers collés sont tout de suite arrachés. Au final, ils ne sont là qu’un jour, ou qu’une nuit. » Aussi, il espère, si un jour musée il y a, que son travail soit utilisé comme témoignage de l’histoire du mur.

(1) Il s’agit d’Hotel particulier par Stratus dans l’album I Love Serge : Electronic Againsbourg

Paru dans Libération du 31 octobre 2009

Graffiti

Les graffiti existent depuis des époques reculées, dont certains exemples remontent à la Grèce antique ainsi qu'à l'Empire romain[1] et peut aller de simple marques de griffures à des peintures de murs élaborées. Dans les temps modernes, la peinture aérosol et les marqueurs sont devenus les outils les plus utilisés. Dans la plupart des pays, dégrader une propriété avec un graffiti sans le consentement de son propriétaire est considéré comme du vandalisme, lequel est punissable par la loi. Parfois, le graffiti est employé pour communiquer un message politique et social. Il existe de nombreux caractères et styles de graffiti ; cette forme d'art évoluant rapidement.

Étymologie [modifier]

Le mot italien graffiti dérive du latin graphium (éraflure) qui tire son étymologie du grec graphein (γράφειν) qui signifie indifféremment écrire, dessiner ou peindre. Graffiti en langue française vient de l'italien graffito, terme désignant un stylet à écrire[réf. souhaitée]). Son pluriel italien est graffiti. L'usage n'a pas retenu une tentative de francisation en graffite à la fin du XIXe siècle), ni le singulier graffito qu'utilise, entre autres, André Malraux). On utilise donc le mot graffiti au singulier et au pluriel même si l'utilisation du S (graffitis) est admise dans l'usage[2].
Usage actuel [modifier]

En français, les graffiti issus de la tradition new-yorkaise et associés à la culture Hip-hop sont souvent appelées graffs[3]. Les auteurs de ces graffiti sont appelés graffeurs ou graffiti-artists plutôt que graffiteurs. En québécois, il n'est pas rare de les qualifier de graffiti-artists de graffiteurs ou de writers, comme en anglais. Les mots-valise calligraffiti et calligraffitiste, attribués à Bando dans Le Livre du Graffiti[4] n'ont pas été retenus par l'usage ni par le milieu se réclamant de cette forme d'art urbain. En anglais, on évoque le plus souvent ces peintres par le terme de graffiti-artists, writers ou encore aerosol-artists.

Ces graffeurs se font connaître en apposant leur « blaze »[5] ou celui du collectif (Posse[6], crew[7], squad, etc…) auquel ils appartiennent sous leurs œuvres, les murs, les métros ou encore les camions.

Graffiti est le nom donné aux dessins ou inscriptions calligraphiées, peintes, ou tracées de diverses manières sur une propriété. Certains considèrent le graffiti comme une forme d'art qui mérite d'être exposée dans des galeries tandis que d'autres le perçoivent comme indésirable. Dans ses formes les plus élaborées, le graffiti est également une forme d'art graphique.

Le "Tag" est une signature rapide utilisée en "vandale" ou en simple accompagnement d'un graff.

Le "flop" est une performance graphique qui consiste à peindre une pièce (graff) en un seul coup de bombe. Ce procédé étant assez difficile à réaliser, certains graffeurs préfèrent considérer que le fait de peindre lettre par lettre en un coup relève du "flop".

Histoire

On distingue généralement le graffiti de la fresque[8] par le statut illégal ou en tout cas clandestin, de l'inscription. Ainsi il est a priori douteux de qualifier les peintures rupestres de graffiti, car nous ignorons leur statut à l'époque[9].

Les graffiti ont une grande importance en archéologie : ils font partie, avec les textes épigraphiques, des témoignages écrits non littéraires, populaires, souvent très « vivants » et aptes à nous révéler des aspects inédits des sociétés qui les ont produits.
Les graffiti antiques pouvaient être aussi bien des annonces électorales, des messages de supporters à certains athlètes (sportifs ou gladiateurs), des messages à contenu politique, religieux, érotique ou pornographique, personnel, etc. Quelques exemples[10] :

« Cornelia Helena est la maîtresse de Rufus », « J'ai baisé ici le 19 et le 13 des calendes de septembre », « Pyrrhus salue son confrère Chius. J'ai de la peine d'avoir appris que tu étais mort. Alors adieu », « Si tu as compris ce que peut l’amour, si tu as conscience d’être humain, prends pitié de moi, permets-moi de venir, Fleur de Vénus… », « Tu es une charogne, tu es un rien du tout », « Mur, je suis surpris que tu ne te sois pas effondré sous le poids des bêtises de tous ceux qui ont écrit sur toi ».

Ces graffiti sont généralement rédigés en latin vulgaire et apportent de nombreuses informations aux linguistes comme le niveau d'alphabétisation des populations (car ces textes comportent des fautes d'orthographe ou de grammaire). Du fait même de la présence de ces fautes, ces textes fournissent aussi des indices sur la manière dont le latin était prononcé par ses locuteurs.

On peut encore lire des graffiti âgés de deux millénaires à Pompeï car c'est l'un des rares sites qui soit suffisamment bien conservé. En effet, les graffiti sont par essence éphémères et disparaissent, soit parce que leur support a disparu, soit parce qu'ils ont été effacés manuellement ou qu'ils ont été victimes de l'érosion naturelle de leur support.
L'Antiquité et le Moyen Âge ont laissé de nombreux exemples de graffiti : l'Agora d'Athènes, la Vallée des rois en Égypte, les grands caravansérails du monde arabe, etc. Ces inscriptions ont parfois une importance historique qui est loin d'être anecdotique, en prouvant par exemple que des mercenaires grecs ont servi en Égypte au VIIe siècle avant l'ère chrétienne[11].
Dans la cité d'Éphèse, on trouvait des graffiti publicitaires pour les prostituées, indiquant de manière graphique à combien de pas et pour combien d'argent on pouvait trouver des professionnelles de l'amour.

On connaît de nombreux autres exemples anciens : graffiti maya à Tikal (Guatemala), graffiti vikings en Irlande ou à Rome, runes varègues en Turquie, etc.

On trouve souvent des graffiti, parfois très anciens, dans des endroits abrités de la lumière, de l'humidité et peu décorés, tels que les cellules de prisons, les cellules monacales, les casernes[12], les cales des bateaux, les caves, les catacombes (les graffiti des premiers chrétiens, dans les catacombes romaines, sont une importante source de documentation à leur sujet), etc. La Tour de la Lanterne à La Rochelle, en France, est riche de graffiti de prisonniers, ouvriers et marins, qui sont pour nombre d'entre eux des bateaux : frégates, vaisseaux de guerre, etc. Certains meubles en bois sont souvent gravés d'inscriptions : tables et bancs d'écoles[13], portes de toilettes publiques.

Des nombreuses églises romanes ont été gravées de graffiti recouverts immédiatement par un enduit. L'église de Moings en est un exemple. Un musée du graffiti ancien existe à Marsilly. Mais le premier musée des graffiti historiques a été créé par Serge Ramond en 1987 à Verneuil-en-Halatte dans l'Oise. Il regroupe plus de 3500 moulages de graffiti de toute la France couvrant 10 000 ans d'histoire.

Vers l'âge de la cinquantaine, Restif de la Bretonne, écrivain libertin du XVIIIe siècle, rapportait les évènements de sa vie sous forme de graffiti qu'il faisait sur les parapets des ponts de l'Île Saint-Louis lors de ses promenades quotidiennes. Il a abandonné cette activité maniaque (qui a duré de 1780 à 1787) en constatant la disparition trop rapide de ses mots et après s'être rendu compte qu'une main malveillante les effaçait[14]. Il effectue alors le relevé de ses propres mots qu'il transcrit finalement dans un recueil publié à titre posthume et intitulé Mes inscriptions.

Le graffiti urbain se développe souvent dans un contexte de tensions politiques : pendant les révolutions, sous l'occupation, (le reichstag à Berlin couvert de graffiti par les troupes russes), pendant la guerre d'Algérie, en mai 1968, sur le Mur de Berlin ou dans les régions où se posent des problèmes d'autonomie (Bretagne des années 1970, Irlande du Nord, etc.). Vers la fin des années 1960 et dans plusieurs pays des deux côtés de l'Atlantique, du fait notamment de la disponibilité d'aérosols de peintures « émaillées » (originellement destinées à la peinture d'automobiles), une partie des graffiti a gagné une vocation esthétique.